Le culte de la performance
La thèse d’Olivier Hamant, chercheur en biologie et biophysique explique que la performance est le contraire de la robustesse, et qu’on devrait chercher à être moins performants pour être plus robuste.
Et, de façon plus générale, ne devrions pas nous inspirer un peu plus de la nature et de son secret pour survivre ?
Définitions
Commençons par définir les termes :
La performance, c’est atteindre un objectif avec le moins de moyens possible.
La robustesse, c’est la capacité de maintenir un système stable malgré les fluctuations.
La théorie d'Olivier Hamant
Olivier Hamant explique qu’en voulant être toujours plus performants, on se retrouve à être de moins en moins robustes.
Il s’appuie sur son travail de biologiste pour nous expliquer en quoi la nature est plus robuste que performante, ce qui l’a faite perdurer pendant des millénaires.
Les exemples de la nature
Par exemple, il explique que le métabolisme du corps humain est moins performant à 37 degrés qu’à 40 degrés.
Mais que le fait qu’on soit à 37 degrés tout le temps nous permet justement de mobiliser les besoins du corps pour se défendre en passant à 40 degrés temporairement.
Le système immunitaire est donc moins performants en étant à 37 degrés, mais plus robuste, ce qui nous permet de continuer à vivre.
Il donne aussi un exemple avec la photosynthèse que vous pourrez retrouver ici en vidéo.
L'exemple de trains allemands
J’avais entendu dire que les trains allemands avaient tout le temps des problèmes et qu’ils n’étaient clairement pas performants.
Je mets de coté les personnes qui pensent qu’un retard de 10 minutes sur un voyage en train de 2 heures est inacceptable.
Est ce qu’un autre moyen de transport peut garantir une arrivée avec une incertitude de moins de 10 minutes sur un trajet de cette durée ?
Non.
En voiture, il y a les bouchons.
En avion, 10 minutes de retard ne sont même pas perçues comme du retard.
C’est juste que nos attentes sur les trains sont plus hautes que sur les autres moyens de transport.
Peut-être parce qu’ils donnent une heure de départ et d’arrivée à la minute près ?
Revenons à notre sujet. Les trains allemands ne sont pas performants. J’ai eu 3 problèmes sur les 6 trains longue distance que j’ai pris fin octobre.
Mais je suis toujours arrivée à destination : une fois, à la même heure que prévu initialement, une fois avec une heure de retard (sur 8 heures de trajet) et même une fois avec une heure d’avance !
Le système est donc très robuste.
Comment c’est possible ?
Quand il y a un problème la Deutsche Bahn alerte tout de suite, et surtout elle fait tomber l’obligation de prendre le train qu’on a réservé. Et c’est ce point là qui fait toute la différence.
De plus, elle a une application géniale qui permet de savoir où n’importe quel train se trouve en Allemagne, s’il est à l’heure ou en retard.
Je vous explique :
Exemple numéro 1 :
J’ai reçu une notification 1h30 avant le départ de mon train de Berlin pour me dire qu’il aurait 20 minutes de retard et que donc mon billet était valide pour tous les trains du jour.
Je suis donc allée sur l’application, j’ai vu qu’un autre train partait dans 30 minutes. Je l’ai pris et je suis arrivée une heure plus tot que mon train initial. Bien sûr, tout le monde ne peut pas se libérer une heure avant son départ initial, mais il y a la possibilité.
Exemple numéro 2 :
Mon premier train Bruxelles – Frankfort avait du retard et me faisait louper la correspondance pour Leipzig. Eh bien, j’ai pu prendre le train suivant sans problème, sans devoir faire la queue et galérer au guichet pour obtenir un changement de billet. Le train était là une heure après. Je suis montée dedans, et c’est tout.
Et c’est là que l’application de la DB est géniale. J’ai pu voir tout de suite que ce train existait et qu’il faisait son trajet normalement. J’étais donc rassurée sur ma capacité à rentrer chez moi le jour même. Avec une heure de retard, certes, mais sur un trajet de 8 heures, ce n’est pas non plus la catastrophe. J’ai fait découvrir l’application à mon voisin de train. ll ne la connaissait pas et ça l’a aussi beaucoup aidé à trouver son plan B.
Vers plus de robustesse et moins de performance ?
Alors bien sûr, ceci ne convient pas forcément à tout le monde, il faut aimer la débrouillardise et les imprévus.
Mais n’allons nous pas vers plus d’imprévu avec le changement climatique ?
Ne devrions nous pas dans ce cas nous entrainer à être plus débrouillards pour plus de robustesse ?
Et pour cela, rien de mieux qu’expérimenter la mobilité active : les trams, les trains, les métros, les bus, les vélos partagés, tout cela muscle notre capacité à changer en cours de route et à nous adapter. 😊
Si vous voulez comprendre pourquoi et comment agir contre le changement climatique, inscrivez-vous à ma newsletter.
A découvrir (entre autres) :
– la série Café Climat
– 3 actions simples à mettre en place cette semaine
– de quoi se remonter le moral