Bouquet de mots
En Novembre dernier, j’ai participé à un petit challenge d’écriture organisé par la FNAC. Il fallait écrire un texte court entre 250 et 750 signes, espaces compris. Il y avait un mot imposé par jour qui devait se retrouver dans le texte.
J’ai participé pendant 7 jours et je vous livre ici mon bouquet de mots. J’espère que cela vous plaira !
Incandescent
La biche n’avait qu’une idée en tête. Trouver de l’eau. Sa langue sèche et gonflée pesait dans sa bouche. Il n’avait pas plu depuis des jours. La chaleur accablante alourdissait ses mouvements. Les arbres semblaient malades. Leurs feuilles jaunies en plein cœur de l’été ne la désaltéreraient plus.
Soudain, elle aperçut un éclat bleuté dans une petite clairière. De l’eau. Folle de joie, elle s’élança. Elle allait enfin pouvoir apaiser sa langue et hydrater sa gorge. Mais seul un bout de verre reflétait le ciel sans un nuage. C’en était trop. La déception chassa ses dernières forces. Elle s’effondra au pied d’un arbre. La lumière émise par l’herbe incandescente autour d’elle la sortit de sa torpeur. La clairière brulait.
Coquelicot
Le coquelicot avait connu bien des calamités. Ses bourgeons carmin avaient devancé les autres pousses sur les sols sanglants des campagnes napoléoniennes.
Pendant la Première Guerre mondiale, ses pétales écarlates s’étaient insérés entre les briques des bunkers au milieu des tranchées pourpres.
Maintenant, un danger plus grand menaçait la fleur vermillon. Une vague rouge allait déferler sur l’Europe pendant plusieurs jours. Couleur grenat, du jamais vu sur les cartes météo, des températures supérieures à 50 degrés…
Génie
Un verre de rouge à la main, Jean commença à discourir.
Les sécheresses avaient toujours existé ! En 1976… et même en 1789.
Ces phénomènes s’accéléraient ?
Pas du tout !
La canicule de 2003 ne datait pas d’hier, c’était il y a 10 ans. On ne la lui faisait pas.
Lui savait que le soleil avait des cycles et que cela influait sur son rayonnement corpusculaire et électromagnétique. Les activités humaines n’avaient pas tant d’impact.
Puis il lâcha :
« De toute façon, je ne suis pas prêt à changer ».
On y était. C’était parce qu’il ne voulait pas évoluer qu’il déclarait faux les résultats scientifiques du GIEC.
Tout génie qu’il se pensait, il n’échappait pas à la règle. Son attitude était celle de n’importe quel climatosceptique de base.
Obsidienne
Après bien des déboires et des années de recherche sur son ile, Richard avait enfin trouvé. Le volcan qui, par le passé, lui avait causé des torts allait lui permettre de prendre sa revanche et de devenir riche.
Il sortit contempler ce qu’il possédait. La végétation avait repoussé sur le terrain dévasté jadis par la lave. L’air rêveur, il respira profondément. Les insectes voletaient autour de lui. Richard se sentait à sa place.
Les mains dans les poches, il défiait le volcan, fermement campé sur ses pieds. Un papillon bleu passa. Richard se pencha, ramassa une pierre et en admira les reflets violet et vert. Sa richesse tenait entre ses doigts.
Il allait bientôt tout raser pour récolter ces précieuses obsidiennes enfouies dans le sol.
Cirrus
Sérieusement ? Ces cirrus diffusés subrepticement dans le ciel par ces stupides Airbus complexifiaient la situation ? Ainsi la masse de CO2 émise pour ces passagers souhaitant se pavaner devant leurs souvenirs superficiels ne suffisait pas… Ces cirrus, non seulement n’avaient pas d’incidence salutaire en repoussant la lumière du soleil, mais en plus, réexpédiaient vers le sol le rayonnement terrestre.
Seul un stop retentissant, prononcé ensemble, serait la solution !
Attention, ceci n’est pas un texte scientifique : les trainées de condensation des avions sont appelées « cirrus » par abus de langage.
Cercle
Ce matin, Éva relut la stratégie qu’elle présenterait au Comex pour l’année suivante. L’année suivante, afin d’augmenter leurs bénéfices, ils devraient accroître les ventes. Ventes qu’ils feraient en extrayant plus de métaux dans les mines. Les mines étaient une catastrophe écologique et émettaient du CO2 dans l’atmosphère. L’atmosphère ainsi chargée en gaz à effet de serre accentuait le changement climatique. Changement climatique qui provoquerait de plus en plus d’inondations, de tornades et de sécheresses, entraînant des dégâts qu’il faudrait réparer. Réparer avec quoi ? Quoi d’autre que de l’argent, donc plus de bénéfices, conclurait-elle. Elle présenterait à l’équipe dirigeante le cercle vicieux qui allait détruire le monde, ce matin.
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